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Le manoir du Rusquec
Le Rusquec fut autrefois une place forte gardienne
de routes franchissant ou longeant la montagne. Saint Herbot est
un lieu que les moines du prieuré et les seigneurs du Rusquec
s'efforcèrent d'humaniser. Tandis que les premiers faisaient
de ce val perdu l'une des places dévotes de basse Bretagne,
les seconds plantaient, défrichaient, traquaient les loups,
protégeaient les marchands qui venaient étaler à
la grande foire du pardon.
De beaux restes subsistent aujourd'hui mais le visiteur n'a pas
vraiment le sentiment de s'avancer vers un pan de forteresse.
Le double porche est toujours accueillant, mais la muraille, quasiment
aveugle, flanquée au sud d'une vieille tour du XIVe siècle
et au nord d'une échauguette, rappelle la vocation première
du lieu.
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Sur la pelouse une énorme
et étrange coupe attire l'attention. Sa partie haute,
naguère fendue en trois et maintenant rejointée,
pèse neuf tonnes. La légende prétend que
c'est la coupe dont se servait le géant pour boire. Il
s'agit en fait d'une vasque à laquelle manque le jet
d'eau ; les seigneurs l'avaient mise là pour leur plaisir
et pour immortaliser leurs alliances : en effet, trois armoiries
de mariage ornent le bord extérieur du bassin. |
Coté
cour, la partie restaurée du manoir forme un ensemble
coquet avec sa galerie à colombage au dessus de l'entrée,
où veillait la garde. Un puits ajoute un élément
indispensable à la vie du château : l'eau. |
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Deux colombiers ajoutent un autre élément
nécessaire à la table des seigneurs. En effet, le
colombier était le garde-manger du château : en cas
de visite impromptue, un cochon ou un mouton n'étaient pas
immédiatement consommables, à plus forte raison un
boeuf, tandis que l'oiseau était rapidement attrapé,
plumé, rôti et servi. Du plus ancien colombier ne subsistent
que quelques niches dans un vieux mur envahi de lierre. Le plus
récent d'age respectable cependant, présente plus
de 1500 alvéoles pouvant abriter autant de couples de pigeons.
Cela donne une idée des terres dépendant du Rusquec,
puisqu'il ne fallait pas plus de deux couples par hectare, sinon
le pigeon écornait de trop la nourriture des paysans et le
revenu du seigneur.
Au Sud des bâtiments actuels, le champ, avec
une petite vasque en son centre, semble bien avoir servi une place
d'armes. A sa limite Sud, un mur surplombe les restes d'une douve
et à ses angles deux tours de garde, dont l'une fort ancienne,
veillent encore à la tranquillité des lieux.
Aujourd'hui, la visite du Rusquec forme le corollaire obligé
de celle de l'église de Saint Herbot.
Depuis une trentaine d'années, ses propriétaires successifs
ont entrepris la restauration du domaine : réfection des
toitures et charpentes, étayages... Mais il y a encore beaucoup
à faire et bien des énigmes restent à résoudre...
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